Avec une régularité presque horlogère, le revenu disponible de près de la moitié des ménages suisses les moins bien lotis s’est réduit de manière constante de près de 10% au cours de ces dernières années. La hausse des primes d’assurance-maladie cumulée à l’augmentation des loyers ont largement eu raison des quelques modestes augmentations sur les salaires. De manière toute aussi régulière, la mise en évidence de ces faits est accueillie avec un certain fatalisme par bon nombre de responsables politiques et avec une indifférence certaine par les milieux patronaux. Du côté politique, on nous explique que l’évolution des salaires relève surtout de la responsabilité des entreprises. Quant à ces dernières, elles font savoir que les mesures à prendre face à la montée en puissance du coût de la vie sont du ressort des politiques. Heureusement, il y a des exceptions à la règle. Ainsi, grâce à une politique sociale progressiste et la force de négociation du Conseil d’Etat actuel, des augmentations conséquentes des allocations familiales et des subsides à l’assurance-maladie viennent consolider le revenu disponible des ménages concernés. Ces mesures profitent par ailleurs aux familles de classe moyenne. Enfin, l’introduction des prestations complémentaires pour les travailleurs pauvres et leurs familles en octobre 2011 a permis à près de 2000 ménages vaudois de bénéficier de ces prestations chaque mois. Le Canton de Vaud compte ainsi parmi les cantons les plus avancés en matière sociale. Le monde politique vaudois a donc fait une part du travail et annonce vouloir encore renforcer son rôle. Quant au monde patronal, il aurait l’occasion de faire un pas conséquent en introduisant, notamment, des salaires minimaux acceptables dans les conventions collectives signées avec les syndicats. A défaut, ce renforcement devra venir, tôt ou tard, par la démocratie. Il en va de la cohésion et de la justice sociales. Car sans la garantie d’un minimum de revenu disponible, il fait difficilement bon vivre. Y compris dans le Canton de Vaud.
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