
C’est au sein de l’école que se forgent nos valeurs communes. La LEO a modernisé l’école en simplifiant les parcours scolaires des élèves et en facilitant les changements d’orientation (réduction de trois à deux voies et passerelles facilitées entre les voies générale et prégymnasiale). Mais cette loi est aussi devenue un motif d’inquiétude, en complexifiant la gestion d’une classe avec des écarts de niveaux pour les maîtres en voie générale. Des réajustements paraissent nécessaires et le Conseil d’Etat en a introduit certains il y a peu. Il s’agit d’accompagner leur mise en place rapide, mais il faut aussi aller plus loin en répondant aux attentes des élèves, parents et enseignants, qui souhaitent que l’école vaudoise prépare mieux nos jeunes au monde de demain. L’ensemble des partenaires de l’école doit être associé dans cette évolution attendue et nécessaire.
Contrairement à l’UDC qui prône un retour en arrière à une éducation traditionnelle, hors des réalités actuelles du monde du travail, il faut inscrire l’école dans la modernité. Pour l’avenir, renforcer véritablement la maîtrise de classe, afin de rétablir une vraie dynamique de groupe, est une priorité. Il s’agit par ailleurs de mettre en œuvre des moyens socio-éducatifs et de suivi plus performants, car le canton laisse en effet trop d’élèves sortir du système sans certification. Alors que ces dix dernières années, le débat sur l’école a porté sur la sélection, nous devons aujourd’hui agir pour ceux qui, sans diplômes, émargent à l’aide sociale entre 18 et 25 ans – 2500 jeunes sont concernés. En ce sens, nous devons revaloriser l’image de la formation professionnelle, en l’adaptant, de façon beaucoup plus réactive, aux métiers actuels et futurs les plus demandés. En outre, l’accompagnement de la transition Ecole-métier doit être une priorité, en tant que gage d’efficacité et de résultats concrets.
Mais le débat légitime autour de ces ajustements nécessaires ne doit pas nous faire oublier les enjeux de fond. Aujourd’hui, l’école subit de plein fouet des mutations sociales et technologiques gigantesques, avec des enfants et des jeunes qui apprivoisent souvent seuls ces évolutions. Contrairement au passé, nous ne savons pas quels seront les métiers de demain. Des études soulignent que 70% des métiers de demain n’existent pas aujourd’hui et que les enfants que nous formons changeront de métier plusieurs fois au cours de leur carrière. Ce que nous savons en revanche, c’est que les apprentissages se feront tout au long de la vie, et qu’il est donc impératif d’« apprendre à apprendre ». Il est aussi probable que chaque poste sera amené à coexister avec de l’intelligence artificielle, et nécessitera de maîtriser des outils numériques, que l’on se destine à la maçonnerie, à l’agriculture, à la géomatique ou au droit.
Ce que l’on sait aussi c’est que ces changements vont également enrichir les moyens pédagogiques à disposition des enseignants, et augmenter l’interactivité et l’implication des élèves pendant les cours. Nous pourrons alors limiter la perte de motivation et aider la pédagogie différenciée. L’approche numérique, outil complémentaire aux enseignements actuels, permet en effet un nombre impressionnant de scénarios pédagogiques pour enrichir et diversifier l’offre proposée aux élèves. Le numérique peut également résoudre un certain nombre d’obstacles rencontrés par les enfants « dys » ou mal adaptés à intégrer le cursus scolaire habituel. L’enseignement de la biologie se trouve alors facilité par la vision en 3D des mouvements d’articulations. Un plongeon dans l’histoire peut s’illustrer par la visite virtuelle. Sans parler de l’appréhension de la programmation et ses algorithmes qui changent notre façon de penser.
En plus d’accompagner les élèves dans leur orientation professionnelle, l’école doit aussi être un lieu propice à l’épanouissement de nos enfants, en toute sérénité. Le sujet du harcèlement à l’école et sur les réseaux sociaux devra également être traité, de façon pragmatique, avec l’ensemble des partenaires au cours de la prochaine législature.
L’école doit se méfier de la volonté de certains d’un retour en arrière à une éducation traditionnelle plus rigoriste, répétitive et centrée sur elle-même par peur de l’évolution du monde qui nous entoure. L’école doit au contraire transmettre un message d’optimisme sur la capacité des générations montantes à préparer l’avenir. Elle doit s’attacher à accompagner et à former les enseignants, à communiquer avec les parents et à donner aux élèves les outils pour construire des compétences transversales clés, augmenter leur curiosité et créativité dans la recherche de solutions, développer leur autonomie et capacité d’adaptation. L’école doit nous préparer, ensemble et avec enthousiasme, aux changements du monde de demain. Je m’y engage.
Opinion publiée par 24heures le 6 avril 2017